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.« Pas d’épées ! ordonna-t-il.Attendez ! »Les Saxons avaient dû nous observer toute la matinée car ils avaient rassemblé une petite bande de guerre autour de nous.Ces hommes – ils devaient être soixante ou soixante-dix – sortirent lentement des bois à la suite de leur chef, un homme à la poitrine large qui avança sous un étendard de chef : des andouillers de cerf auxquels pendillaient des lambeaux de peau humaine tannée.Le chef partageait l’amour des Saxons pour la fourrure ; une affection sensée, car peu de choses arrêtent un coup d’épée aussi sûrement qu’une belle peau bien épaisse.Cet homme avait un collier de fourrure noire autour du cou, ainsi que des bandeaux de fourrure noire autour des biceps et des cuisses.Le reste de son habit était de cuir ou de laine : un justaucorps, des braies, des bottes et un casque de cuir couronné d’une touffe de fourrure noire.À sa taille pendait une longue épée tandis qu’il tenait à la main l’arme favorite des Saxons : la hache à grande lame.« Êtes-vous perdus, wealhas ? » cria-t-il.C’est ainsi qu’ils nous appelaient, nous, les Bretons.Wealhas ! Le mot veut dire « étrangers » et fleure l’ironie, tout comme le nom de Saïs que nous leur donnons.« Ou êtes-vous simplement fatigués de la vie ? » Il s’était mis en travers de la route, tête haute, la hache reposant sur son épaule.Il avait une barbe brune et une masse de cheveux bruns qui sortaient de sous son casque.Les uns en casques de fer, les autres en cuir, ces hommes qui portaient presque tous des haches formaient un mur de boucliers en travers du chemin.Quelques-uns tenaient en laisse d’énormes chiens, des molosses de la taille de loups ; de fait, nous nous étions laissés dire que, ces derniers temps, les Saïs s’en étaient servis comme d’armes, les lâchant contre nos murs de boucliers quelques secondes avant d’abattre leurs haches et leurs lances.Les molosses effarouchaient certains de nos hommes beaucoup plus que les Saxons.J’avançai avec Arthur.Nous nous arrêtâmes à quelques pas du Saxon bravache.Aucun de nous deux ne portait de lance ni de bouclier et nos épées étaient restées au fourreau.« Voici mon Seigneur, dis-je en Saxon.Arthur, protecteur de la Dumnonie, qui vient vers vous en paix.— Pour l’instant, fit l’homme, la paix est vôtre, mais juste pour l’instant.» Il continuait à nous défier, mais le nom d’Arthur lui avait visiblement fait forte impression et c’est avec une curiosité évidente qu’il dévisagea longuement mon seigneur avant de se retourner vers moi.« Es-tu Saxon ?— De naissance, oui.Aujourd’hui, je suis Breton.— Un loup peut-il devenir crapaud ? demanda-t-il en me lorgnant d’un air maussade.Pourquoi ne pas redevenir Saxon ?— Parce que j’ai juré de servir Arthur, et ma mission est de porter à votre roi une grande quantité d’or.— Pour un crapaud, tu hurles bien.Moi, c’est Therdig.»Je n’avais jamais entendu parler de lui.« Ta gloire, fis-je, donne des cauchemars à nos enfants.»Il rit.« Bien parlé, crapaud.Alors qui est notre roi ?— Aelle.— Je ne t’ai pas entendu, crapaud.»Je soupirai.« Le Bretwalda Aelle.— Bien dit, crapaud.» Nous, les Bretons, ne reconnaissions pas le titre de Bretwalda, mais je l’employai pour complaire au chef saxon.Arthur, qui ne comprenait goutte à notre échange, attendit patiemment que je fusse prêt à traduire quelque chose.Il avait confiance en ceux qu’il distinguait et ne me pressait ni n’intervenait.« Le Bretwalda, reprit Therdig, est à quelques heures d’ici.Peux-tu me donner une raison, crapaud, de troubler sa journée en lui rapportant qu’une épidémie de rats, de souris et de larves a envahi sa terre ?— Nous apportons de l’or au Bretwalda, Therdig, plus que tu n’en puis rêver.De l’or pour vos hommes, pour vos épouses, pour vos filles, même assez pour vos esclaves.Est-ce une raison suffisante ?— Montre-moi, crapaud.»C’était risqué, mais Arthur y consentit volontiers, entraînant Therdig et six de ses hommes jusqu’aux mulets pour leur révéler le contenu des sacs.Le risque était que Therdig se dît que la fortune valait la bagarre séance tenante, mais nous étions supérieurs en nombre, et la vue des hommes d’Arthur sur leurs grands chevaux était redoutablement dissuasive.Il se contenta d’empocher trois pièces d’or en déclarant qu’il allait annoncer notre présence au Bretwalda.« Vous attendrez aux Pierres, ordonna-t-il.Soyez là-bas dans la soirée, et mon roi vous y rejoindra dans la matinée.» Cela nous fit comprendre qu’Aelle avait dû être averti de notre approche et qu’il avait aussi deviné le but de notre ambassade.« Vous pouvez vous reposer en paix aux Pierres, ajouta Therdig, en attendant que le Bretwalda ne décide de votre sort.»Ce soir-là, car il nous fallut tout l’après-midi pour atteindre les Pierres, je vis le grand cercle pour la première fois.Merlin m’en avait souvent parlé, et Nimue avait eu de nombreux échos de leur puissance, mais personne ne savait qui les avait faites ni pourquoi les grandes pierres dressées étaient disposées en un cercle aussi majestueux.Nimue était certaine que seuls les Dieux avaient pu créer un endroit pareil et, tandis que nous approchions des monolithes gris et solitaires, dont les ombres noires s’allongeaient dans l’herbe pâle, elle chanta des prières.Un fossé entourait les Pierres, disposées en un grand cercle de piliers couronnés de linteaux, tandis qu’à l’intérieur de cette arcade massive et grossière se dressaient d’autres immenses pierres debout entourant un autel en forme de table
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