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.Un infirmier poussa la porte et dit:— Monsieur Delle, la sœur m’envoie vous chercher.l’amputé du 27 vient d’être pris d’une hémorragie.— Diable! j’y vais, s’écria l’interne en posant sa pipe sur la table.Vous m’excusez, cher monsieur.Et il se précipita dans le corridor.— Allons! pensa Hervé en prenant le même chemin, je n’ai pas perdu ma journée.Alain sortira demain et nous serons deux contre deux.Il aurait dû dire trois contre trois, en comptant la marquise comme une alliée et Mme de Cornuel comme une ennemie.IIErnest Pibrac habitait la rue Saint-Arnaud, qui s’appelle maintenant la rue Volney, on n’a jamais su pourquoi car l’auteur des Ruines est fort ignoré de la génération présente, et, en lisant l’inscription gravée sur la plaque municipale, des passants, plus gastronomes que lettrés, s’imaginent que la voie qui portait jadis le nom du vainqueur de l’Alma a été consacrée à la gloire d’un des plus fameux crûs de la Bourgogne, — avec une faute d’orthographe, — le vin de Volnay étant beaucoup plus connu que le philosophe Volney.C’est une courte, honnête et paisible rue, qui ne mène à rien et où par conséquent on ne passe guère.En ce temps-là, un cercle très fréquenté ne s’y étant pas encore installé, elle était surtout habitée par des bourgeois aisés et paisibles.Pibrac, qui n’appartenait pas à cette catégorie d’électeurs éligibles, y avait planté sa tente à l’entresol d’une jolie maison toute neuve et il s’y était arrangé une garçonnière élégante où il menait, sans trop de tapage, une joyeuse existence.Fils d’un bon négociant qui avait mis trente ans à amasser du bien en vendant du drap, et orphelin à quinze ans, Ernest Pibrac s’était trouvé, à sa majorité, maître d’une fortune assez ronde, mais pas assez considérable pour lui permettre d’aborder ce qu’on nomme à Paris la grande vie.Il l’avait d’ailleurs, avant d’entrer en possession, quelque peu écornée par des emprunts usuraires, comme en contractant facilement les mineurs prédestinés à tomber plus tard sous la tutelle conservatrice d’un conseil judiciaire.Il s’était donc résigné à se passer de train de maison.Il se contentait d’un groom pour le servir et il ne se donnait point le luxe d’avoir une voiture à lui, ni même un cheval de selle.Sa devise était: tout pour l’argent de poche, et il la mettait en pratique.Aussi, avait-il, comme on dit, le louis facile, et ces dames du monde où l’on s’amuse lui en savaient gré.Il les connaissait toutes; il dînait et il soupait dans les restaurants à la mode; il ne manquait pas une première et on le voyait dans tous les endroits où il est de bon ton de se montrer.Ses relations masculines n’étaient pas précisément triées sur le volet.Il fréquentait ses pareils et il n’avait pas ses grandes entrées dans les salons aristocratiques.Il ne s’était jamais avisé de se présenter au Jockey-Club où il n’aurait récolté que des boules noires, mais il faisait bonne figure dans un cercle de second ordre, et parmi ses camarades de plaisirs il en comptait qui étaient reçus dans le meilleur monde.Entre autres, Hervé, baron de Scaër, qu’il connaissait depuis longtemps, sans trop savoir où et comment il l’avait connu.Un hasard de la vie parisienne les avait mis en relations et le goût du plaisir qui leur était commun avait cimenté leur liaison.Les rapports étaient devenus moins fréquents, depuis que le mariage de Scaër était décidé.Pibrac allait criant partout: «Un homme à la mer!» quand il était question d’Hervé promu à la dignité de gendre d’un capitaliste.Pibrac l’enviait peut-être, mais il se gardait bien de le dire et il continuait à chanter les louanges de la vie de garçon.La nouvelle de la rupture ne lui avait pas été désagréable, un peu parce que, s’il faut en croire La Rochefoucauld, l’illustre auteur des Maximes, il y a toujours dans la déconvenue d’un ami quelque chose qui nous fait plaisir, mais surtout parce qu’il allait retrouver un compagnon qu’il préférait à beaucoup d’autres.Il s’était bientôt aperçu qu’il faudrait en rabattre, car Hervé paraissait peu disposé à se divertir comme autrefois.Hervé cachait sa vie et faisait la sourde oreille quand on lui parlait de faire la fête.Pibrac pensait bien que le fiancé évincé devait avoir des ennuis d’argent, mais il soupçonnait aussi qu’il y avait de l’amour sous roche et il comptait savoir prochainement à quoi s’en tenir à seule fin de ramener dans le chemin de la vie à outrance un ami qui lui manquait.Pibrac regrettait d’autant plus l’aimable compagnie de cet ami, qu’il venait de perdre une petite camarade à laquelle il était aussi attaché qu’un viveur peut l’être à une soupeuse à tous crins qui ne se piquait pas de fidélité.Margot l’avait bel et bien lâché, mais il lui en voulait beaucoup moins qu’à l’étranger qui la lui avait soufflée et même qu’à Bernage qui patronnait ce déplaisant rastaquouère.Il leur avait juré à tous les deux une haine irréconciliable et il ne s’était pas vanté en annonçant à Hervé qu’il se préparait à leur jouer de très mauvais tours.Seulement, il s’étonnait que le susdit Hervé n’eût pas fait chorus et l’eût planté là, après le dîner du cercle.Cette conduite devait cacher un mystère qu’il se promettait d’éclaircir.Il n’avait pas revu Scaër et il n’avait pas trouvé le temps d’aller le chercher à l’hôtel du Rhin, ayant passé toute la journée du jeudi et une partie de la nuit suivante à cartonner avec fureur.Et le cartonnage ne lui avait pas réussi, — contre son habitude, — car il était heureux au jeu, plus heureux qu’en femmes, quoiqu’il prétendît le contraire.Il avait perdu, comme on dit dans l’argot des joueurs, la forte somme, et le vendredi il se leva fort tard et d’assez mauvaise humeur.Il n’avait pas réglé ses bons à la caisse du cercle et il lui fallait, pour les retirer, déplacer des fonds, opération désagréable, même lorsqu’on a un compte courant au Crédit Lyonnais.Il déjeunait habituellement chez lui.Son groom savait assez de cuisine pour faire cuire les œufs et la côtelette traditionnels.Il finissait de les expédier et il allait s’habiller pour sortir, lorsqu’un coup de sonnette annonça un visiteur.Pibrac eut bonne envie de consigner sa porte à tout venant, mais il lui passa par l’esprit que c’était peut-être Hervé qui venait le voir, et pour s’éviter la peine d’expliquer à son groom qu’il eût à recevoir M.de Scaër et personne autre, il ne donna pas d’ordre.Ce n’était pas ce gentilhomme mais Pibrac ne regretta pas trop de n’avoir rien dit, quand il vit entrer un autre camarade qui ne venait pas souvent, mais qu’il goûtait assez, l’interne de l’Hôtel-Dieu.Ce futur docteur était gai et sa présence ne manquait jamais de réjouir Pibrac qui ne demandait qu’à se dérider quand, par hasard, il avait des soucis.— Tiens! s’écria-t-il joyeusement, c’est A.Delle! Bonjour ma petite Dé-dèle!.quel bon vent t’amène en ces lieux? [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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