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.— Il pourrait être question d’une femme…— Bien sûr ! l’interrompit-elle avec véhémence, en rebondissant sur l’idée, tandis que son visage s’éclaircissait et qu’elle se détendait un peu.Il voyait sur ses frêles épaules affaissées la soie de sa robe miroiter sous le soleil.— C’est la seule explication possible ! Une jalousie féroce parce qu’une femme était amoureuse de Sebastian et que quelqu’un s’est senti trahi par elle !Elle posa une main hésitante sur le bras de Joseph.— Merci, reprit-elle.Au moins, vous avez ramené un peu de bon sens dans toute cette noirceur.Si vous êtes venu pour me réconforter, vous avez réussi et je vous en suis reconnaissante.Il n’envisageait certes pas d’y parvenir de cette manière, mais il ne savait comment se retirer.Il se rappela la jeune fille dans la rue, devant chez Eaden Lilley, ce qu’Eardslie avait dit au sujet de Morel, et que lui Joseph, aurait alors préféré ignorer.Il cherchait toujours une réponse quand Gerald Allard arriva au jardin par la porte de la cour.Il marchait avec précaution au centre de l’allée, entre les cascades d’herbe à chats et d’œillets.Joseph mit un certain temps à saisir que cette démarche prudente était due au fait que Gerald avait bu plus que son content.Il regarda bizarrement Joseph, puis son épouse.Mary plissa les yeux en le voyant.— Comment vas-tu, ma chérie ? s’enquit-il avec sollicitude.Bonjour, Reavley.C’est gentil à vous de passer nous voir.Toutefois, je pense que nous devrions parler d’autre chose pendant quelque temps.C’est…— Arrête ! répliqua Mary en serrant les dents.Je n’arrive pas à penser à autre chose ! Je ne veux même pas essayer ! Sebastian est mort ! Quelqu’un l’a tué ! Jusqu’à ce que nous connaissions le coupable, qu’il soit arrêté et pendu, rien d’autre n’a d’importance !— Ma chérie, tu devrais…Elle virevolta, en accrochant la fine soie de sa manche à une tige de rose moussue, et s’en alla comme une furie, peu soucieuse d’avoir déchiré l’étoffe, disparaissant par la porte du salon.— Je suis désolé, dit Gerald avec gaucherie.Je ne sais vraiment pas…— J’ai rencontré Miss Coopersmith, reprit subitement Joseph.Elle a l’air d’une jeune femme fort agréable.— Oh… Regina ? Oui, des plus plaisantes, approuva Gerald.De bonne famille, nous la connaissons depuis des années.Son père possède une grosse propriété à quelques kilomètres d’ici, en direction de Madingley.— Sebastian n’en a jamais parlé.Gerald enfouit un peu plus les mains dans ses poches.— Non, je ne pense pas qu’il l’aurait fait.C’est-à-dire que…De nouveau, sa phrase resta en suspens.Cette fois, Joseph attendit.— Ma foi… deux vies séparées, poursuivit Gerald, mal à l’aise.À la maison et… et ici.C’est un univers d’hommes.De son bras, il décrivit un cercle un peu malhabile.— Pas un endroit pour parler de femmes, hein ?— Mme Allard l’apprécie-t-elle ?Gerald haussa les sourcils.— Aucune idée ! Oui ! Enfin, je suppose.Oui, elle a dû aimer cette jeune fille.— Vous en parlez au passé, observa Joseph.— Oh ! Ma foi… Sebastian est mort, à présent, que Dieu nous vienne en aide.Il eut un léger haussement d’épaules.— Le prochain Noël sera insupportable.Nous le passons toujours avec la sœur de Mary, vous savez.Une femme épouvantable.Trois fils.Ils ont tous réussi d’une manière ou d’une autre.Elle en est fière comme Artaban.Joseph ne sut quoi dire.Plus tard, Gerald s’en voudrait sans doute d’avoir fait cette remarque.Autant ne pas la relever maintenant.Prétextant la chaleur, il laissa son interlocuteur errer sans but parmi les fleurs et regagna la maison.Il alla au salon remercier Connie et prendre congé, mais lorsqu’il vit la silhouette de la femme debout devant la cheminée, bien qu’elle fût environ de la même taille et de la même corpulence que Connie, il sut aussitôt que c’était quelqu’un d’autre.Les paroles moururent sur ses lèvres quand il vit le vêtement, à la mode, avec une large ceinture à la taille et une sorte de double tunique finement plissée par-dessus la longue jupe fuselée.Elle se retourna et dans ses yeux écarquillés apparut une expression voisine du soulagement.— Révérend Reavley ! Comme c’est agréable de vous voir !— Miss Coopersmith.Comment allez-vous ?Il ferma la porte derrière lui.Il allait profiter de l’occasion pour lui parler.Elle avait connu un aspect de Sebastian qu’il ignorait totalement.Elle eut un petit haussement d’épaules, comme par dénigrement.— C’est difficile.J’ignore au juste ce que je fais ici.J’espérais apporter un certain réconfort à Mme Allard, mais je sais que je n’y parviens pas.Mme Thyer est fort gentille, mais que faire d’une fiancée qui n’est pas une veuve ?Son visage vigoureux, plutôt franc, se parait d’autodérision pour masquer l’humiliation.— Je suis une vraie calamité pour une hôtesse.Elle eut un petit rire et Joseph comprit qu’il s’en faudrait de peu pour qu’elle perdît son sang-froid.— Connaissiez-vous Sebastian depuis longtemps ? lui demanda-t-il.Pour ma part, en dehors de l’aspect universitaire de sa vie…L’affirmer à voix haute lui parut curieux ; il n’avait pas imaginé que ce fût vrai, mais c’était désormais indiscutable.— Cela occupait la majeure partie de sa vie, répondit-elle.Il y tenait plus qu’au reste, je pense.C’est pourquoi il était si terrifié à l’idée qu’une guerre puisse éclater.— Oui.Il m’en a parlé un jour ou deux avant de… mourir.Il se remémora comme si elle datait de la veille cette longue et lente promenade dans les Backs, au coucher du soleil.Avec quelle rapidité certains instants peuvent sombrer dans le passé !— Il a beaucoup voyagé récemment, poursuivit-elle, le regard dans le lointain.Il n’en parlait pas beaucoup, mais, quand c’était le cas, nul n’avait aucun doute sur son attachement pour ses semblables.Je pense que vous lui avez enseigné cela, révérend, comment percevoir la beauté et ce qu’il y a de précieux chez toutes sortes de gens, comment ouvrir son esprit et observer sans porter de jugement.Cela le rendait si enthousiaste.Il nourrissait le désir ardent de vivre plus…Elle chercha le mot.— … plus intensément qu’en s’enfermant dans les limites du nationalisme.Comme elle prononçait ces mots, il se rappela les remarques de Sebastian sur la richesse et la diversité de l’Europe, mais il se garda d’interrompre la jeune fille.Elle continua, en contrôlant avec peine sa voix tremblante.— En dépit de toute son exaltation pour les différentes civilisations, notamment les anciennes, il était terriblement anglais de cœur, vous savez ?Elle eut un instant d’hésitation, se mordit la lèvre, tentant de se ressaisir avant d’enchaîner :— Il aurait tout donné pour protéger la beauté de ce pays : son côté pittoresque et drôle, la tolérance et l’excentricité, la grandeur et la modestie, de petits secrets qu’on découvre seul.Il aurait donné sa vie pour sauver une lande parcourue d’alouettes ou un champ de campanules.Sa voix chevrotait.— Un lac glacé où les roseaux se dressent telles des lances, une grève solitaire où la lumière tombe sur de pâles barres sablonneuses.Elle réprima un sanglot.— C’est dur de se dire que tout demeure intact et qu’il ne peut plus le voir.Joseph était lui-même bien trop ému pour parler [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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