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.Même avant la création du Comité Mondial, les institutions étaient accablées par des survivances de l’époque du char à boeufs.Il n’y avait pas plus de raison pour que continuent d’exister des gouvernements municipaux voilà trois cents ans qu’il n’y en a au joui d’hui pour justifier un gouvernement national.— Vous avez parfaitement raison, dit Grant, et pourtant, quand le contrôle du gouvernement s’est relâché, l’emprise qu’il avait sur la vie de chacun s’est relâchée aussi.Quiconque avait envie de s’en aller vivre loin de tout gouvernement, de renoncer aux avantages et d’échapper aux obligations, pouvait s’en aller à sa guise.Et le Comité Mondial n’en avait cure.Il avait d’autres chats à fouetter que d’aller s’inquiéter des mécontents et des gens qui cherchaient à fuir leurs responsabilités.Et ils ne manquaient pas.Les fermiers, par exemple, que l’avènement des hydroponiques avait contraints à changer de vie.Un grand nombre d’entre eux ont du mal à s’adapter à la vie industrielle.Alors, ils se sont esquivés.Ils sont revenus à une existence primitive.Ils ont fait un peu de culture en terre, un peu de chasse, ils ont tendu des pièges, coupé du bois, chapardé par-ci par-là.Privés de leur moyen d’existence, ils sont revenus à la terre, et la terre les a nourris.— Il y a trois cents ans de cela, dit Webster.A cette époque, le Comité Mondial s’en moquait bien.Il faisait ce qu’il pouvait naturellement, mais, comme vous dites, peu lui importait au fond que quelques individus lui filent entre les doigts.Alors pourquoi ce soudain intérêt ?— Je pense, dit Grant, que maintenant ils ont le temps de s’en occuper.Il examina Webster avec attention.Son hôte était à demi allongé devant le feu, son visage respirait l’autorité, et la lueur bondissante des flammes creusait des ombres sur ses traits, lui donnant une expression presque surnaturelle.Grant fouilla dans sa poche, en tira une pipe et se mit à la bourrer.— Ce n’est pas tout, dit-il.— Ah ! fit Webster.— Il y a encore autre chose.Le Comité aurait probablement fait faire ce recensement de toute façon, parce qu’une estimation du chiffre de la population terrestre est, en tout état de cause, un élément de connaissance utile.Mais ce n’est pas tout.— Les mutants, dit Webster.— C’est exact, acquiesça Grant.— Je ne m’attendais guère à voir quelqu’un le deviner.— Je travaille avec des mutants, dit Webster.Toute ma vie est liée à des phénomènes de mutation.— D’étranges formes de culture se sont manifestées, dit Grant.Des créations absolument sans précédent.Des formes littéraires qui portent indiscutablement la marque de tempéraments neufs.Une musique qui a rompu avec les modes d’expression traditionnels.Un art qui ne ressemble à rien de ce qu’on avait vu jusqu’alors.Et presque tout cela sous le couvert de l’anonymat ou du pseudonyme.Webster se mit à rire :— Et c’est là, naturellement, un mystère complet pour le Comité Mondial.— Ce n’est pas tant cela que quelque chose d’autre encore, expliqua Grant.Le Comité ne se préoccupe pas tellement d’art et de littérature que d’autres choses.moins apparentes.Si une renaissance est en train de s’opérer, il est normal qu’elle se manifeste d’abord dans de nouvelles formes d’art et de littérature.Mais une renaissance n’a pas de répercussions que dans le domaine littéraire ou artistique.Webster s’enfonça plus profondément encore au creux de son fauteuil et replia ses mains » sous son menton.— Je vois, dit-il, où vous voulez en venir.De longues minutes, ils demeurèrent plonges dans un silence que rompaient seulement le pétillement du feu et le murmure fantomatique du vent d’automne dans les arbres du parc.— L’occasion s’est présentée jadis, dit Webster, presque comme s’il se parlait à lui-même.L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue, qui auraient évité quatre mille ans de tâtonnements à la pensée humaine.Un homme a détruit cette occasion.Grant se tortilla dans son fauteuil, puis s’assit très droit, craignant que Webster ne l’ait vu bouger.— Cet homme, dit Webster, était mon grand-père.Grant savait qu’il devait dire quelque chose, qu’il ne pouvait pas rester assis là, muet.— Juwain se trompait peut-être, dit-il.Il n’avait peut-être pas découvert une nouvelle philosophie.— C’est une pensée à quoi nous avons recours pour nous consoler, dit Webster.Mais elle n’est guère convaincante.Juwain était un grand philosophe martien, le plus grand peut-être que Mars ait connu.S’il avait vécu, je suis absolument certain qu’il aurait mis au point cette nouvelle philosophie.Mais il n’a pas vécu.Il n’a pas vécu parce que mon grand-père a été incapable d’aller sur Mars.— Ce n’était pas la faute de votre grand-père, dit Grant.Il a essayé.L’agoraphobie est une chose contre laquelle l’homme ne peut rien.Webster, d’un geste, coupa court à ces protestations :— C’est fini de toute façon, c’est du passé.Il est inutile de revenir là-dessus.Il nous faut accepter cet état de fait et partir de là.Et comme c’était ma famille, puisque c’était mon grand-père [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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