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.Le matin, ses parents le questionnaient et il leur racontait ce dont il se souvenait.Parfois, les mots lui faisaient défaut et il ne parvenait pas à décrire les paysages de ses rêves, des paysages qui transcendaient non seulement son expérience personnelle, c’était évident, mais qui dépassaient aussi les pouvoirs de l’imagination de l’Homme.George et Jean lui suggéraient des mots nouveaux, lui montraient des images et des couleurs pour rafraîchir ses souvenirs et s’efforçaient ensuite de s’y retrouver tant bien que mal avec ses réponses.Le plus souvent, cela restait lettre morte bien que les mondes dont il rêvait parussent à Jeff parfaitement logiques et cohérents.Simplement, il n’y avait pas de communication possible entre lui et ses parents.Pourtant, dans certains cas, ses descriptions étaient suffisamment éloquentes…L’espace.Pas de planètes, pas de paysage, pas de sol sous les pieds.Rien que les étoiles cloutant le velours de la nuit et un grand soleil rouge qui battait comme un cœur.Énorme et inconsistant, il se contractait soudain et devenait simultanément plus lumineux comme si on alimentait son brasier intérieur.Il passait par toute la gamme du spectre, se stabilisait à la limite du jaune et le cycle s’inversait : l’astre se dilatait, se refroidissait et se transformait à nouveau en un nuage déchiqueté d’un rouge ardent…— Une étoile variable caractéristique, commenta vivement Rashaverak.Observée, elle aussi, sous une accélération temporelle inouïe.Je ne peux pas l’identifier avec précision, mais celle qui correspond le mieux est Rhamsandron 9.Ou peut-être Pharanidon 12.— Que ce soit l’une ou l’autre, il s’enfonce de plus en plus loin.— De plus en plus.Ç’aurait pu être la Terre.Un soleil blanc voguait dans un ciel bleu piqueté de nuages chassés par la tempête.Une colline descendait en pente douce jusqu’à un océan que le vent furieux faisait moutonner.Pourtant, rien ne bougeait : c’était comme un décor figé que l’on entr’aperçoit le temps d’un éclair.Et loin, très loin à l’horizon, on distinguait quelque chose qui n’appartenait pas à la Terre : un alignement de colonnes à la silhouette de brume jaillissant des flots et qui s’amincissaient progressivement avant de se perdre dans les nuages.Ces piliers, trop colossaux pour être artificiels et trop régulièrement espacés pour être naturels, ceinturaient la planète.— Sidénus 4 et les Piliers de l’Aube, dit Rashaverak.(Et il y avait une sorte de crainte respectueuse dans sa voix.) Il a atteint le centre de l’Univers.— Et son voyage a à peine commencé, répondit Karellen.La planète était absolument plane.Sa gravité phénoménale avait, depuis des temps reculés, arasé, aplati les montagnes de son impétueuse jeunesse – montagnes dont les plus fiers sommets n’avaient jamais dépassé quelques mètres.Et pourtant, la vie existait car la surface de la planète était tapissée d’innombrables formes géométriques qui glissaient, se déplaçaient, changeaient de couleur.C’était un monde à deux dimensions dont les habitants n’avaient pas plus de quelques millimètres d’épaisseur.Et dans son ciel brillait un soleil qu’aucun mangeur d’opium n’aurait imaginé, même dans ses rêves les plus délirants.Trop chaud pour être blanc, c’était un fantôme ardent à la frontière de l’ultraviolet baignant la planète d’un rayonnement qui aurait instantanément détruit n’importe quelle forme de vie terrestre.De gigantesques nappes de gaz et de poussière que les ultraviolets diapraient au passage de tonalités fluorescentes en nombre infini flottaient comme des voiles sur des millions et des millions de kilomètres, à perte de vue.À côté de cette étoile, le soleil de la Terre aurait été aussi chétif qu’un ver luisant en plein midi.— Ce ne peut être qu’Hexanérax 2, dit Rashaverak.Seule une poignée de nos nefs l’ont atteinte et aucune n’a tenté d’atterrir
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