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.Eh bien, il avait eu ce qu’il croyait vouloir, ou à peu près.Un moment, je n’arrivai pas à comprendre l’expression d’horreur qui se peignit sur son visage quand il me regarda, ni pourquoi il se leva soudain pour se diriger vers moi, se pencher et toucher mon front.Puis je me souvins.Ma peau bronzée par le soleil.« Qu’as-tu fait ? » murmura-t-il.Il s’agenouilla, me regarda, posant sur mon épaule une main légère.Adorable intimité, mais je n’allais pas avouer.Je restai impassible dans mon fauteuil.« Ce n’est rien, dis-je, c’est fini.Je suis allé dans un désert, je voulais voir ce qui arriverait…— Tu voulais voir ce qui arriverait ? » Il se leva, recula d’un pas et me foudroya du regard.« Tu voulais te détruire, n’est-ce pas ?— Pas vraiment, dis-je.Je suis resté allongé à la lumière toute une journée.Le second matin, j’ai dû m’enterrer dans le sable.»Il me contempla un long moment, comme s’il allait exploser de réprobation, puis il revint à son bureau, s’assit un peu bruyamment pour un être aussi plein de grâce, croisa les mains sur le livre refermé et me lança un regard méchant et furieux.« Pourquoi as-tu fait cela ?— Louis, repris-je, j’ai quelque chose de plus important à te dire.Oublie tout cela.» D’un geste je désignai mon visage.« Il s’est passé un événement très remarquable et il faut que je t’en fasse le récit complet.» Je me levai, car je n’arrivais plus à me maîtriser.Je me mis à marcher de long en large, prenant soin de ne pas trébucher sur le bric-à-brac amoncelé qui jonchait la pièce, et un peu agacé par la faible lueur de la bougie, non pas parce que je n’y voyais rien, mais parce qu’elle était si faible, qu’elle éclairait une si petite surface et que j’aime la lumière.Je lui racontai tout : comment j’avais vu cette créature, Raglan James, à Venise et à Hong Kong, puis à Miami, comment il m’avait envoyé le message à Londres puis m’avait suivi à Paris comme je pensais qu’il le ferait.Nous devions maintenant nous retrouver près de la place demain soir.Je lui parlai des nouvelles et de leur signification.J’expliquai l’étrangeté du jeune homme lui-même, en précisant qu’il n’était pas dans son propre corps, et que j’étais persuadé qu’il était capable d’effectuer un pareil transfert.« Tu as perdu la tête, dit Louis.— Ne conclus pas si vite, répondis-je.— C’est à moi que tu cites les paroles de cet idiot.Détruis-le.Liquide-le.Trouve-le ce soir si tu le peux et débarrasse-toi de lui.— Louis, pour l’amour du ciel…— Lestat, cette créature peut te trouver quand elle le veut ? Cela signifie qu’elle sait où tu te terres.Voilà maintenant que tu l’as conduite jusqu’ici.Elle sait où je me cache.C’est le pire ennemi qu’on puisse concevoir ! Mon Dieu, pourquoi t’en vas-tu chercher l’adversité ? Rien sur terre ne peut te détruire maintenant, pas même les Enfants des Millénaires qui ont à eux tous la force d’y parvenir, et pas même le soleil à midi dans le désert de Gobi : alors tu t’en vas rechercher le seul ennemi qui ait un pouvoir sur toi.Un mortel qui peut marcher à la lumière du jour.Un homme qui peut exercer sur toi une domination complète quand toi-même n’as pas une étincelle de conscience ni de volonté.Non, détruis-le.Il est bien trop dangereux.Si je le vois, c’est moi qui le détruirai.— Mais, Louis, cet homme peut me donner une enveloppe humaine.As-tu écouté ce que je t’ai dit ?— Une enveloppe humaine ! Lestat, tu ne peux pas devenir humain en t’emparant simplement d’un corps humain ! Tu n’étais pas un être humain quand tu étais en vie ! Tu es né monstre, et tu le sais.Comment diable peux-tu te faire de pareilles illusions ?— Si tu n’arrêtes pas, je vais éclater en sanglots.— Eh bien, pleure.J’aimerais te voir pleurer.J’ai beaucoup lu sur tes pleurs dans les pages de tes livres, mais je ne t’ai jamais vu le faire de mes propres yeux.— Ah ! tu es bien un menteur parfait, dis-je, furieux.Tu as décrit mes sanglots dans ton misérable mémoire lors d’une scène dont nous savons tous les deux qu’elle n’a pas eu lieu !— Lestat, tue cette créature ! Tu es fou si tu la laisses t’approcher assez près pour te dire trois mots.»J’étais confondu, absolument confondu.Je me laissai retomber dans le fauteuil et je regardai dans le vide.La nuit semblait respirer dehors sur un rythme doux et plaisant, le parfum des volubilis violets effleurant à peine l’air humide et frais.Une légère incandescence semblait émaner du visage de Louis, de ses mains croisées sur le bureau.Il était drapé dans son silence, attendant sans doute ma réponse mais pourquoi, je n’en avais aucune idée.« Je ne me serais jamais attendu à cela de toi, dis-je, déconfit.Je m’attendais à quelque longue diatribe philosophique comme les sottises que tu as écrites dans ton « entretien », mais ça ? »Il resta assis là, sans un mot, son regard fixé sur moi, la lumière faisant un instant étinceler ses yeux verts et songeurs.Il semblait profondément tourmenté, comme si mes paroles lui avaient causé quelque souffrance.Ce n’était certainement pas parce que je m’étais moqué de ses écrits.Je le faisais tout le temps.C’était une plaisanterie entre nous.Enfin, une sorte de plaisanterie.Je ne savais plus que dire ni que faire.Il m’énervait.Lorsqu’il reprit la parole, ce fut d’une voix très douce.« Tu n’as pas vraiment envie d’être humain, dit-il.Tu ne le crois pas, n’est-ce pas ?— Mais si, je le crois ! » répondis-je, humilié par le sentiment que je percevais dans ma voix.« Comment pourrais-tu, toi, ne pas le croire ? » Je me levai et me remis à marcher de long en large.Je fis le tour de la petite maison, m’aventurai dans la jungle du jardin en écartant pour passer l’épais entrelacs des liserons.J’étais dans un tel état de désarroi que je ne pouvais plus lui parler.Je pensais à ma vie mortelle, essayant vainement de ne pas la rendre mythique, mais je ne pouvais chasser ces souvenirs : la dernière chasse aux loups, mes chiens mourant dans la neige.Paris.Le théâtre du boulevard.Inachevé ! Tu n’as pas vraiment envie d’être humain.Comment pouvait-il dire une chose pareille ?Il me sembla que je passais dans le jardin une éternité, mais en fin de compte, pour le meilleur ou pour le pire, je revins dans la maison.Je le retrouvai à son bureau, qui me regardait d’un air désespéré, presque comme s’il avait le cœur brisé.« Écoute, dis-je, il n’y a que deux choses auxquelles je crois : la première est qu’aucun mortel ne peut refuser le Don ténébreux dès l’instant où il sait vraiment ce que c’est.Et ne me dis pas que David Talbot me le refuse.David n’est pas un homme ordinaire.La seconde chose que je crois c’est que, si nous pouvions, nous redeviendrions tous humains.Voilà mon opinion.Il n’y a rien d’autre.»Il eut un petit geste las d’acceptation et se cala dans son fauteuil [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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